Pourquoi je n’arrive plus à écrire?

C’est bien vrai ça.

Mon dernier article sur ce blogue date de mai 2021. Pourtant, comme vous le voyez, il est toujours en ligne et je paie donc depuis bientôt 4 ans dans le vent chaque année pour…rien ?

Croyez-moi, ce n’est pas l’envie qui manque. Depuis le jour où ce professeur de français m’a fait comprendre que j’avais “une plume”, j’ai essayé tant bien que mal de faire de ma vie une page Word ininterrompue où je pose des mots dessus au gré des envies, de mes convictions et de mes passions du moment.

Quand je serai grand, je veux être journaliste

Les archives du Ninfonews, petit ange parti trop tôt.

Depuis 15 ans, j’essaie de faire de l’écriture ma vie. Et j’en ai vu des étapes.
Du petit blogue étudiant aux premières maquettes de journaux imprimées et distribuées sur le parvis de la Fac.
De mes premières tentatives de gonzo dans un webzine aux premières armes journalistique en PQR.
De ma meilleure expérience en rédaction JV aux galères de la pige JV.
De mon plus long poste en rédaction nationale en plein COVID à l’agence de presse et le …burn-out ? Oh. Oui il va peut-être falloir que je m’arrête dessus.

-Bonjour, je m’appelle Martin
*À l’unisson* Bonjour Martin.
-Voilà j’ai 32 ans et et j’ai eu un « épuisement professionnel », comme me le suggère gentiment Antidote. Mais depuis ça va mieux, je vous jure.

Pas de surprise ici, mais le milieu médiatique est un beau merdier. Et on ne compte plus les témoignages de gens passionnés qui sont obligés d’abandonner ce milieu par fautes de moyens ou juste par épuisement. Et j’en vois les conséquences chaque jour par mes anciens camarades d’amphi ou mes anciens collègues. De l’épuisement et une certaine désillusion.

J’ai notamment passé les deux années de mon premier contrat permanent en rédaction à être un journaliste COVID. Sur les 573 articles que j’ai publiés durant mon contrat, 375 articles portaient sur la COVID, soit près de 65%. Heureusement pour moi, mes collègues de la section Culture m’ont mis entre les mains de belles occasions et de beaux sujets. C’est ce qui m’a motivé à rester. Par la suite j’ai enchainé une nouvelle expérience pro’ avec des piges payées une misère à un rythme industriel et à bâtonner des dépêches AFP toute la journée… Tout cela a été fatal pour Tintin reporter. J’ai craqué. Et j’ai perdu l’envie d’écrire pendant plusieurs mois.

Pourtant, paradoxalement, ce milieu et cet exercice d’écriture si particulier qu’est le journalisme… tout cela me manque chaque jour. Même si je sais qu’y retourner serait sans doute un calvaire.

Du coup, pourquoi ne pas écrire pour moi ?

C’est bien vrai ça. Pourquoi ne pas continuer ce blogue, sans pression, et écrire sur ce que je veux. C’est ce que je faisais déjà en fait. Et en effet, je ne compte plus les notes de brouillon éparpillées sur tous mes dispositifs numériques, les plans d’article qui seraient même prêts à être envoyés en piges si je me bougeais un tant soit peu. Ou encore tout ces groupes d’onglets de recherches sauvegardés qui n’attendent qu’à être digéré pour donner vie à un article de 15 000 signes comme je sais si bien les faire.

Mais voilà, je n’y arrive pas. Hormis une pulsion créatrice qui dure parfois quelques heures, je laisse souvent tout en plan. Si vous lisez cet article, par exemple, c’est parce que je l’ai écrit d’une traite (excusez les fautes d’ailleurs). Sinon celui-ci aurait rejoint ses camarades dans la catégorie « brouillon », tombé sous les balles de ce manque d’envie qui me hante.

C’est frustrant.

Récemment j’ai eu une conversation avec ma femme lors d’un long trajet en voiture sur les autouroutes interminables du Québec. J’ai la chance de partager ma vie, bon déjà avec quelqu’un d’incroyable, mais aussi de la partager avec quelqu’un qui comprend et a fait aussi de l’écriture son quotidien et sa vie. Tout comme moi, ma femme enchaine les idées, rédige sans cesse et avec brio (psst, elle a même un Substack sur l’amitié, abonnez-vous). Quand elle est investie dans quelque chose, elle s’y met à fond et parvient quasiment toujours à ses fins. Mais pourquoi diable y arrive-t-elle et pas moi ?

Peut-être parce qu’elle ose ducon.

« Insérer citation sur le fait d’oser ». Non, pas celle d’Audiard par pitié

En attendant, je relis Écriture : Mémoires d’un métier de King pour la 3e fois.

C’est le constat amer qui est ressorti de cette conversation. À moins que je ne sois contraint (comprenez, un pistolet sur la tempe, ou tout du moins une deadline dans mon boulot ou ma vie personnelle), je n’ose plus écrire.

Il y a un an, je me suis prêté au jeu du Inktober, mais comme je dessine comme un manche, je l’ai fait en écrivant des petites nouvelles. J’ai été investi les premiers jours et j’ai écrit 6 nouvelles en un temps record. Une première depuis un moment. Mais voilà, comme à chaque fois, le manque d’obligation et un enchainement d’excuses plus tard, le compteur est resté bloqué à la 7ème.

Pourtant, je sais que cela me plairait d’écrire de la fiction en plus du journalisme. Ce n’est pas comme si cette double casquette était si rare. D’autant plus que je ne démarre pas, scuse my french, à poil. Tout comme des idées d’articles, mon téléphone et mon Scrivener regorgent d’idées, de recherches et de début de chapitre de nouvelles et même de romans. Mais diantre (pour laisser un peu tranquille le diable), pourquoi je n’arrive pas à m’y mettre alors ?

Il y a surement plein de raisons à ça et j’essaie toujours de mettre le doigt dessus. Des trucs aussi clichés que le syndrome de l’imposteur, la peur de ne pas avoir de bons retours, un trouble de l’attention (qu’il faudra surement diagnostiquer un jour). Je peux me trouver toutes les raisons du monde. Je n’ai pas assez dormi, je ne sais pas par où commencer, j’attends d’avoir du temps pour moi, je n’ai pas un bon setup… bref. Il y aura toujours quelque chose. Je n’ai pas encore mis la main dessus, mais je sais qu’il va falloir que j’arrête de trouver des excuses à un moment.

Donc, on fait quoi? Je pourrais vous dire que je vais me mettre à écrire en 2025. Cette résolution pas sûre de pouvoir la tenir puisque je me la fais tous les ans. Mais c’est sûr que je vais continuer d’essayer.

En attendant du neuf, quelques archives d’articles publiés sur des médias « morts » dont je suis assez fier vont apparaitre incessamment sous peu.

Adishatz.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.